Plume de Guerre
Face à face
Je me réveille… ?
Je suis dans un lit. Je sens sur moi un drap et une couverture, secs tous les deux. Je n’ai pas froid en me réveillant. D’où me vient que je suis surpris de cette sensation de chaleur et de confort en me réveillant ? J’ai l’esprit embrumé, j’ai mal à la tête. Aucun souvenir d’une soirée festive bien arrosée la veille : aucun souvenir d’ailleurs. Mes paupières sont pourtant bien lourdes, et ma vue encore incertaine. Je distingue un halo de lumière douce autour de moi, mais aucune forme. Il semble bien y avoir une activité humaine autour de moi. J’entends des bribes de paroles lointaines, j’ai la sensation d’ombres se déplaçant dans mon champ de vision. Je dégage mon bras de dessous le drap, et, mû par un réflexe habituel du matin, porte ma main vers mes yeux pour les frotter. Mes doigts rencontrent quelque chose d’inhabituel en cherchant mon visage : il est couvert ? Mes doigts parcourent une masse de tissu qui semble m’entourer la tête. Que m’arrive t il… ? Où suis je… ? Ma deuxième main rejoint la première : j’ai la tête emballée dans une masse de tissus, de bandes de tissus.
À ma droite, j’entends un homme gémir. Un bruit de pas rapides s’approche. Une voix féminine douce, claire, presque cristalline s’adresse avec calme à celui qui geint. Où suis-je… ? Soudain, j’entends une agitation en direction de la voix féminine. Un objet métallique tombe au sol et roule sur le parquet dans un vacarme de fer blanc qui me vrille les oreilles, presque jusqu’à la douleur. La femme crie : « Docteur, venez vite !! ». Docteur… ? Je suis donc dans un hôpital… ? Qu’est ce que je fais dans un hôpital ? Je n’ai pas encore récupéré une vision claire, mais l’audition semble s’améliorer de minute en minute. J’entends maintenant distinctement quelqu’un s’agiter à ma droite. Une voix masculine tonne brusquement :
« tenez-le!! », puis « de l’aide !! ». Il y a maintenant plusieurs personnes à côté de moi, qui s’occupent visiblement d’un homme agité dans le lit d’à côté. La femme crie : « il saigne !! ».
« Comprimez la blessure » répond la voix qui doit être celle du docteur.
J’entends encore quelques bruits de lutte, puis le calme retombe. Le silence retombe sur ce qui doit être une chambre d’hôpital. « Il est mort ». Des pas s’éloignent, lents, posés, calmes. « Descendez le à la morgue et préparez le lit pour le suivant ». « Bien Docteur ». L’homme qui était à côté de moi est mort, depuis quelques secondes, et ils se préparent à accueillir le… suivant ? Mais où suis je ? Que m’arrive t-il ?
J’émerge lentement d’une torpeur profonde. Je suis visiblement dans un hôpital. Je n’ai aucune notion du temps. Je tente de mobiliser ma mémoire, un souvenir, une vision, à la recherche de l’explication, de la raison de ma situation présente. Rien, absolument rien ne se présente à mon esprit dans l’instant. Pourtant, je suis vivant. Je le ressens profondément. J’ai entendu cette lutte quelques minutes plus tôt sur ma droite. Il y a cette lueur changeante devant mes yeux, ces bruits de pas autour de moi, ces voix indistinctes dans le brouillard. Il y a aussi cette sensation de gêne physique qui me gagne. Je prends conscience de mon corps. Il me dit qu’il est engourdi, lourd, immobile. Je ressens le poids d'un drap et d’une couverture sur mes pieds. J’essaie de bouger mes orteils. Ils répondent paresseusement. J’ai l’impression qu’ils n’ont pas bougé depuis longtemps. Depuis combien de temps suis je ici ? La vision ne s’arrange toujours pas, mais la conscience du monde qui m’entoure, par l’audition, progresse. La pièce dans laquelle je me trouve me semble vaste. Elle grouille d’activité. J’entends des voix douces, réconfortantes mais aussi des gémissements, parfois des sanglots. Il y a des hommes qui souffrent autour de moi, nombreux. Il y a aussi des gens qui marchent parmi eux. Je fais partie des allongés. Je ne suis pas debout. Les brumes de mon esprit se déchirent toujours plus avant, mollement. Comme un gardien honteux vis à vis de son prisonnier, elles se retirent petit à petit.
Un éclair traverse ma conscience. Il rassemble en un instant l’ensemble de mes sensations, de mes perceptions. Les pièces du puzzle tourbillonnent avant de s’assembler, précisément, chacune à sa place. Le tableau qu’elles dessinent s’impose brutalement à moi : je suis dans un lit d’hôpital, ma tête dans un pansement. J’ai à peine le temps de contempler l’image que m’envoie mon esprit que surgissent les questions. Elles viennent en vague heurter le parapet de ma raison qui vacille sous les coups de boutoirs et cède brusquement : l’angoisse m’envahit. Que fais je ici, allongé, un pansement sur la tête ? Je suis blessé, soigné. Pourquoi ? Depuis combien de temps ? Un autre est mort juste à côté de moi il y a quelques minutes. Que va t il m’arriver ? Mais d’abord… Qui suis-je ? Mon esprit avait pour le moment résisté à toutes les informations et questions qui se présentaient à lui, mais là, la digue est rompue. La panique m’envahit. La peur, la vraie, la profonde, celle qui vous ronge et vous glace, la peur fait irruption. Je crie : « Au secours ». Je n’entends qu’un grognement incompréhensible qui me vrille les oreilles et me transperce la tête, la faisant résonner douloureusement. J’ai le sentiment que ce n’est pas ma voix, bien que je sois incapable de me rappeler le son de ma voix. Mon cerveau a voulu appeler au secours, ma bouche n’a pas été capable de relayer le message. Ma bouche… ? Mon visage ? Mais ils sont sous ce pansement… Je suis blessé au visage.
Envahi par la panique, je tente d’en savoir plus sur mon état. Mes mains reviennent sur ma tête et palpent fébrilement le pansement. Il m’entoure complètement. Il semble plus léger devant mes yeux. Je parviens à l’écarter un peu. La lumière me surprend, violente, agressive. Mes yeux s’adaptent lentement et je découvre un plafond blanc. Je vois. C’est déjà ça. Je poursuis l’exploration de mon pansement. Il est épais autour des joues et du menton. Mon esprit me commande de bouger la mâchoire pour la vérifier. Une violente douleur me transperce de part en part. En grognant, je tente d’ouvrir et de fermer la bouche. Emballé comme je suis, l’exercice est fatiguant. J’ai encore des dents il me semble, ma langue les touche. Elles ne sont pas en face les unes des autres, elles ne se touchent pas quand j’essaie de fermer la bouche. Deux molaires se rencontrent. J’essaie de les serrer et de les replacer correctement en bougeant ma mâchoire inférieure. La douleur est intenable, je hurle. La panique m’envahit à nouveau. Je tente de me redresser en criant de cette voix animale que je ne reconnais pas. Une main ferme se pose sur mon épaule : « Calmez vous Monsieur MARTIN ». La voix est féminine, douce et impérative à la fois. D’où me vient l’immédiate obéissance à cette voix que je ne connais pas... Pourquoi a-t-elle ce pouvoir immédiat sur moi ? J’essaie de formuler un « qui êtes vous ? ». Une fois de plus j’entends un bruit inintelligible pour les autres. « Je suis Jeanne, votre infirmière aujourd’hui. Vous avez été blessé au combat. Ne touchez pas votre pansement. Détendez vous. Le médecin passera vous expliquer ». Je laisse cette main féminine me rallonger en fixant le plafond blanc du regard, sorte d’écran sur lequel le film de mes peurs et pensées vont se projeter dans les heures à venir. La main rassurante de l’infirmière réajuste le drap.
« À plus tard » me lance-t-elle en s’éloignant.
Au combat… ? Mais qu’est ce que c’est que cette histoire de combat ? Pourquoi n’ai je aucun souvenir de tout cela, aucun souvenir de qui je suis, et de comment je suis arrivé là ? Pour le moment je tiens pour sûres les informations suivantes :
- Je suis à l’hôpital
- Je suis blessé au visage
- Je bouge mes bras et mes jambes
- Je n’arrive pas à parler distinctement
- Je ne suis pas seul à être blessé
- J’ai été blessé au combat
- Le médecin va passer
- Mon nom de famille est MARTIN.
Cela laissent ouvertes de si nombreuses questions:
- Est-ce-que ma blessure est grave ?
- Est-ce-que j’ai été opéré ?
- Va-t-on devoir me réopérer ?
- Que faisais-je dans ce combat ?
- Quel est mon prénom ?
- Qui suis-je… ?
C’est cette dernière question qui m’angoisse le plus. Ne pas parvenir à se souvenir de mon nom laisse une brèche ouverte dans ma raison : la peur s’y engouffre. Pour la contrer je n’ai pas d’autre choix immédiat que de tenter de mobiliser mes souvenirs enfouis, de retrouver des images du passé dans le brouillard qui habite ma conscience. Je m’appelle Monsieur MARTIN. C’est un début. Que dois-je faire ? Me concentrer sur ce nom « Martin », ou laisser vagabonder mon esprit pour permettre à un souvenir d’éclore ? Quelle est la stratégie dans une situation pareille ? Je n’en ai aucune idée. Mais d’abord, qu’est ce que je sais faire ? Qu’ai je appris ? Cette question semble convoquer une image trouble : une salle de classe, des enfants à leurs tables, un homme d’une cinquantaine d’années en grande blouse noire devant un tableau noir lui aussi avec des lettres tracées à la craie blanche derrière lui. Il a une moustache et une barbichette blanche, de petites lunettes rondes, un front un peu dégarni. La précision de ce souvenir me surprend quand on la compare à l’absence de souvenirs sur la raison de ma présence dans cet hôpital. Monsieur LAUGEL. Il s’appelle Monsieur LAUGEL ! Un nom a surgi du passé et me raccroche à mon histoire, enfin ! Derrière lui, sur le tableau, tout en haut, au milieu, dans une calligraphie impeccable, aux lettres parfaites, penchées, arrondies, de taille régulière, une date : Avril 1899. Je ne distingue pas le jour et son numéro dans le mois. Je ne suis plus le petit garçon, le petit Martin, de 1899. Je suis un homme maintenant. Cet homme a été blessé au visage dans un combat. Une simple image a permis de commencer à composer le tableau d’ensemble de qui je suis. Bien sûr il reste tant de choses à redécouvrir pour compléter ce tableau, mais le simple fait d’avoir retrouvé cette trace de mon histoire me rassure sur le fait qu’il sera possible de progresser, de savoir, de comprendre. Cette pensée parvient tout de même à m’apaiser un peu.
« Soldat Martin ? Soldat Henri Martin ? ». Je redresse la tête. Je distingue un homme debout au pied de mon lit. Il est vêtu d’une blouse blanche. « Je suis le Docteur Hippolyte MORESTIN. Vous êtes dans mon service à l’hôpital du Val de Grâce, à Paris. Je vais vous expliquer. Vous ne pouvez pas encore parler. Écoutez moi. »
D’une voix posée, tranquille, il entreprends de me décrire ma situation. J’ai été blessé le 5 Avril 1916 dernier, dans le secteur de Verdun. Un éclat d’obus m’a touché au visage et m’a fracturé la mâchoire inférieure en me causant une vilaine plaie au menton. J’ai été ramassé sur le terrain, dirigé vers l’antenne chirurgicale de l’avant puis transféré en ambulance vers Reims, puis Paris au Val de Grâce. J’apprends que je suis resté inconscient plusieurs jours mais que les médecins jugeaient que j’avais une chance de me remettre. J’ai déjà subi trois interventions depuis ma blessure. Le Docteur se réjouit que je sorte enfin de ma léthargie qui aura duré près de trois semaines. Il l’explique par la violence du choc reçu à la tête lors de la blessure et par les médicaments que je reçois contre la douleur. J’apprends que je reçois chaque jour depuis ma blessure des doses de morphine par injection sous cutanée et de codéine en sirop par ma sonde d’alimentation. Je découvre que je suis nourri depuis mon arrivée à l’hôpital par un tuyau de caoutchouc passant par mon nez pour gagner mon estomac. Le Docteur appelle cela une sonde naso-gastrique. C’est surement ce tuyau qui me gêne au fond de la gorge. Tous les deux jours, ils m’endorment avec une anesthésie au chloroforme pour défaire le pansement, laver ma plaie et surveiller l’infection. Il m’annonce que les derniers prélèvements montrent que la blessure est enfin propre grâce à l’utilisation du liquide Dakin-Carrel. Moi, je ne saisis pas l’importance de cette dernière information mais elle a l’air de réjouir le médecin. Il enchaîne, enthousiaste, en m’annonçant que désormais on va pouvoir commencer à réparer la blessure. Une fois débarrassées des bactéries, mes plaies vont pouvoir être fermées. Il m’annonce que j’ai déjà perdu des dents au moment de la blessure, qu’ils ont dû en retirer d’autres depuis pour éviter une infection. Il essaie de me rassurer en m’expliquant que je pourrai avoir une prothèse plus tard. À l’entendre, je comprends qu’il est plus inquiet pour l’os de la mâchoire inférieure et pour mon menton qui a… disparu. Le flot d’informations est tel qu’il m’anesthésie émotionnellement. Je ne réagis même pas à l’annonce de la « disparition de mon menton ». Dans sa description, cela parait si... évident, si... naturel, si... normal. Il ne me laisse guère le temps de réaliser ou de visualiser mentalement le visage qui doit être le mien en ce moment sous mon imposant pansement. A l’énoncé des dégâts, je comprends mieux les douleurs ressenties plus tôt lorsque j’essayais de faire le point avant l’arrivée de l’infirmière. Même s’il a une voix et un discours rassurant, je ne peux empêcher l’irruption d’une sourde angoisse. À quoi ressemblerai-je plus tard ? Ma famille, mes amis me reconnaitront-ils... ? Ma famille... C’est la première fois que cette pensée me traverse. Je retrouve la notion civilisée de famille, allongé sur ce lit d’hôpital où m’a conduit la barbarie de la guerre. Je n’ai guère le temps de m’appesantir sur le souvenir de ma famille. Le Docteur, qui est chirurgien à ce que je comprends, me parle toujours et commence à m’expliquer ce qui m’attend lors des prochains jours. Une ou des opérations sont encore à prévoir pour fermer mes plaies et reconstruire un menton. Il me parle d’autoplasties. À ce que je comprends il va déshabiller Pierre pour habiller Paul. Il compte déplacer de la peau de mon cou vers les joues pour fermer la plaie et le menton. Il essaie de me rassurer en me disant que je ne suis pas son premier patient et que ces « techniques » sont en vogue dans son service depuis le début de la guerre. Je comprends bien qu’il a pu avoir de la matière pour s’entrainer le bougre, depuis le temps que nous nous battons. Tiens, je viens de réaliser que j’étais en guerre depuis longtemps. La mémoire revient dirait-on. 1914. C’est, je crois bien, le début de cette guerre. Il a parlé de Verdun toute à l’heure. Je ne situe pas cet endroit, et pour le moment il ne me dit rien, mais ça devrait revenir. Il n’y a pas deux heures, je ne me rappelais pas de mon nom ni de ce que je faisais à l’hôpital. Même si il y a encore du travail pour me rendre un visage, je recolle doucement les morceaux du monde autour de moi et reprend conscience de l’époque : je progresse.
Le Docteur est intarissable dans ses explications. Je perds doucement le fil d’ailleurs. Trop de pensées viennent maintenant se télescoper dans mon esprit encore récemment endormi. Je n’arrive plus à me concentrer sur sa voix, sur tous ces détails qu’il me donne. Je ressens une grande fatigue. La douleur se rappelle à moi alors que j’ébauche un bâillement sous mon casque de compresses. Le chirurgien a dû s’en apercevoir. Il appelle l’infirmière qui arrive prestement et lui demande de me faire une injection de morphine. Je me sens étrangement paisible par rapport à toute à l’heure. Elle m’annonce qu’elle va d’abord me donner à manger avant de faire l’injection de morphine. Elle disparait et revient quelques minutes après avec un récipient et une grande seringue de verre. Elle doit voir une angoisse passer dans mon regard à la vue de la seringue. Elle sourit et me rassure de sa voix douce en m’expliquant que c’est pour passer la soupe dans la sonde qui est dans mon nez, comme tous les jours depuis que je suis arrivé ici. Quelqu’un ma nourri chaque jour, plusieurs fois par jour, depuis que j’ai été ramassé après ma blessure. C’est un fait, je ne ressens pas la faim. Je remercie en silence ces bonnes âmes qui m’ont nourri depuis ce moment pour me permettre de revenir à moi ici, aujourd’hui. Elle décroche le tuyau sur le côté de mon pansement et je la vois remplir la seringue de verre avec la soupe, puis la brancher sur le tuyau. Elle actionne lentement le piston. Je ressens une douce tiédeur en haut de mon ventre. La soupe arrive au bon endroit. Je réalise que c’est la première fois que je ressens cela depuis ma blessure. J’ai vécu, sans être présent ces trois dernières semaines, grâce à l’attention et aux soins de toutes ces personnes dévouées dans cet hôpital. Combien sont ils, elles, à s’être relayés autour de moi, pour moi…? Me sera-t-il donné un jour de pouvoir les remercier chacun et chacune ? Le repas est vite expédié, mais il me procure réconfort et satiété. Je n’ai aucune idée de la composition de cette soupe, mais c’est un délice de la ressentir irradier sa chaleur en moi. L’infirmière a débranché sa seringue, remis un bouchon sur ma « sonde » et la range le long de mon pansement. Elle m’abandonne un moment en m’annonçant qu’elle revient avec la morphine. Fidèle à sa promesse, elle réapparait quelques minutes plus tard avec une seringue nettement plus acceptable en taille que celle qu’elle a utilisé pour me nourrir. Une petite sensation de piqure sur la peau de l’épaule, un essuyage rapide avec sa compresse. « Je reviendrais plus tard, reposez vous » me dit elle. Mon ange blanc disparait. Elle me laisse seul, seul avec mon corps abimé, seul avec mes pensées, mais tellement plus paisible que toute à l’heure à mon éveil.
Je sais maintenant comment je m’appelle, je sais que c’est la guerre qui m’a amené ici, je sais que je suis blessé (et non pas mort), je sais qu’on me soigne et que des médecins et des chirurgiens vont faire leur possible pour arranger les dégâts. Je sais que je suis et serai bien entouré, choyé par ces infirmières dévouées. Je sais au fond de moi qu’un jour je sortirai. Je sais au fond de moi que je saurai bientôt qui je suis derrière ce nom d’Henri MARTIN, d’où je viens. Je sais que je retrouverai ma famille un jour. Mais pour le moment, je m’abandonne à une nouvelle douce torpeur qui m’envahit lentement. Serait-ce l’effet de cette injection de morphine qu’elle m’a faite il y a quelques minutes…? Je me sens glisser doucement, confortable, paisible. Je ne ressens plus la douleur ou la gêne sous mon pansement. Mes dents mal placées ne me gênent plus. Ma respiration s’apaise. Je crois bien que je m’endors, en paix. Demain est un autre jour. Demain, peut être, le chirurgien commencera-t-il à me rendre mon visage, un visage…
P.B. 20 Novembre 2022
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